On nous le répète depuis quelques années, la cassette fait son come-back. Une aberration pour certains, mais un phénomène qui semble pourtant s’installer sur la durée. Et comme la voiture a offert à ce support un mode d’utilisation privilégié, si l’on en profitait pour ressortir aussi nos bons vieux autoradios ?
Qui n’a jamais pesté en tentant de sortir une cassette restée coincée dans un autoradio glouton, tentant de rembobiner tant bien que mal, à l’aide d’un Bic bien sûr, la bande magnétique toute chiffonnée ? C’est sûr, ce format ne rappellera pas que des bons souvenirs à certains mais force est de reconnaître qu’il refait surface. Pour preuve, la vente de cassettes audio dans le monde qui est en progression constante depuis 2015, le cap des 400 000 unités écoulées sur un an ayant été franchi en 2018. Evidemment, on reste loin des chiffres des vinyles, mais l’engouement est là, c’est indéniable. Nombre de pointures de la musique comme Eminem, Lana Del Rey ou Kanye West n’ont d’ailleurs pas hésité à proposer certains de leurs derniers albums sur ce support analogique désuet pour être dans la hype. Le Cassette Store Day, cette journée internationale dédiée exclusivement à la petite bande magnétique encapsulée, rencontre également toujours plus de succès chaque année. Simple effet de mode ? Pas sûr…
Bande à part
Avant qu’elle revienne doucement dans la partie, la cassette a vu son usage domestique se raréfier drastiquement à partir du début des années 2000. S’il a pu un temps faire face à l’encombrant et disgracieux discman, le walkman cassette a lui aussi fini par céder son trône au baladeur MP3. Néanmoins, il y a un domaine où le format a longtemps fait de la résistance : la voiture ! Les jeunes notamment, avec leur premier quignon acheté avec leurs maigres économies, ont continué pendant des années encore à se servir de cassettes pour écouter des albums ou des compiles au volant. Dur… Bref, c’est une longue histoire d’amour avec ce format qu’a connue la voiture, puisque le premier autoradio cassette, le Philips RN582, a vu le jour en 1968. Apparu après les peu pratiques tourne-disques et les plus aboutis postes à cartouches 4 puis 8 pistes qui commençaient à être populaires aux US, il n’était au départ pas très impressionnant en matière de restitution du son, émettant uniquement un signal mono. Mais la compacité, la solidité et la facilité d’enregistrement des cassettes constituaient déjà de solides arguments en sa faveur.
1971-2010
Et côté constructeurs, ça s’est passé comment ? D’après certaines sources, la première voiture à avoir bénéficié de série d’un autoradio cassette était une Mercedes. Nous étions en 1971 et elle disposait alors d’un poste Becker. La suite, vous la connaissez. Comme dans les foyers, la cassette est devenue omniprésente dans les véhicules. Il faut dire que le support a su évoluer, offrant au fil du temps des durées d’enregistrement ou de lecture supérieures et une bien meilleure qualité sonore grâce à des formules chimiques améliorées et des systèmes de réduction du bruit de fond. Le car audio a connu un boom, donnant la possibilité aux automobilistes mélomanes de profiter de la musique presque comme à la maison ! La technologie s’est affinée et on a vu arriver sur le marché des autoradios avec fonctions auto-reverse, Dolby B et C, ou encore AMS (Automatic Music Search) pour sauter une ou plusieurs pistes. Pas si naze finalement, la cassette ! Pour la petite histoire, la Lexus SC 430 millésime 2010 est la dernière voiture à avoir été commercialisée aux US avec un autoradio utilisant ce support (combiné radio/cassette/CD). Oui, Lexus, et oui, 2010 !
Play again
Malgré son retour, il est difficile aujourd’hui de trouver un bon poste cassette pour voiture (c’est vrai aussi pour les lecteurs de salon et les baladeurs). Pioneer a été l’une des dernières grandes marques sur le marché avec son KEH-P2030, supprimé du catalogue il y a peu. Sinon vous pouvez lorgner du côté de fabricants moins réputés, comme Pyle qui produit encore des postes qui font le job. Si vous préférez l’ancien, et que vous avez les moyens, comment résister à l’incroyable Cockpit conçu par Panasonic (National au Japon) à la fin des années 70 et début 80 ? Cet équipement premium décliné en plusieurs modèles se fixait dans le ciel de toit et transformait votre habitacle en cockpit d’avion de ligne ! La version RM-610 était d’ailleurs montée dans la série limitée Essex de la Lotus Esprit Turbo. Pour le top du top, un système à associer avec des cassettes TSA Turbo qui étaient pourvues de rouleaux spéciaux censés assurer une circulation d’air frais lors des avances rapides et rembobinages. Un peu comme des disques ventilés/percés, quoi ! Si après ça vous ne résiliez pas votre abonnement Spotify…
Crédits photos : philips.com – musiciansterritory.com – universalmusic.com – fourthave.net – lukenola.com – hagerty.com – flickr.com/photos/retromotoring/ – autoevolution.com – 45spaces.com