Amateur éclairé, passionné ou bricoleur du dimanche, qui n’a jamais hurlé sa haine envers ces « abrutis d’ingénieurs aux mains fragiles », qui n’a jamais rêvé de mettre le nez d’un « Dr. Solidworks » dans la déjection mécanique impossible à réparer qu’ils nous ont pondue ? Respirez un coup, nous allons tous vous réconcilier autour de bons SST.
Derrière ce sigle SST (Special Service Tool) aussi sexy qu’une vilaine MST se cache en vérité la réponse à bien des crises de nerfs ou d’interventions à rallonges. Mais si, vous savez bien, le genre de réparations dont « Y’en a pour une heure max. » avant de devoir immobiliser la patiente sur plusieurs jours, à deux doigts de la brûler à cause d’un écrou impossible à atteindre sans avoir à déposer l’intégralité du groupe motopropulseur. Si vous en êtes là, soit vous avez suivi un tuto YouTube, soit vous n’avez pas l’expérience, ou alors vous n’avez tout simplement pas les bons outils… Et si après avoir épuisé tout le catalogue d’insultes du capitaine Haddock en featuring avec Al Capote vous avez déjà eu l’occasion de vous servir d’un SST, vous saurez que ces derniers sont de véritables bénédictions qui ne sont pas tombées du ciel, mais directement du cerveau d’une autre équipe d’ingénieurs bien décidée elle, à ménager vos petits nerfs. Avec leurs formes torturées et matériaux multiples, ces objets dont seule la fonction a dicté l’esthétisme, pourraient aisément trouver leur public dans de sombres galeries berlinoises et ils méritaient bien que l’on se penche sur leur cas.

La solution à un problème créé
Mais d’abord, pourquoi atteler une équipe de recherche pour concevoir des outils répondant à une problématique que les constructeurs ont créé en amont ? Raison numéro un : les coûts de fabrication ! A l’heure où les groupes automobiles partagent de plus en plus de GMP, il serait impensable de modifier une cloison pare-feu pour faciliter une intervention mécanique même prévue dans le planning d’entretien. Les outils spécifiques ont aussi un énorme avantage en termes de productivité pour les concessions ce qui dans certains cas, peut se révéler bénéfique pour le client. D’autre part, les campagnes de rappels : tous les constructeurs ne sont pas aussi assidus quant au suivi de leurs créations, et si certains préfèrent avoir mauvaise presse en ne prenant pas en charge un défaut pourtant connu, d’autres en revanche ont une réputation à tenir et hors de question de la ternir ! Je pense notamment à Toyota et Lexus. Ces campagnes de rappels sont évidemment gratuites pour le client mais sont facturées à la maison-mère (Toyota France dans ce cas) par les concessionnaires. Ceci dit, le constructeur fixe un barème horaire à ne pas dépasser et fournit donc tout l’outillage nécessaire aux techniciens pour leur faciliter la tâche. Encore une fois, ici les SST ont avant tout un but financier, mais alors pour nous autres particuliers ?
Les outils punks : DIY
Aussi fou que cela puisse paraître, les SST sont accessibles à tous et votre concession est obligée de vous les fournir si vous en faites la demande. Au Japon, il se peut même que des enseignes spécialisées en disposent en stock, et en rayon ! Pour nous autres Français, il suffit de nous rendre au garage avec la référence de l’outil désiré et bien sûr quelques euros en poche. Souvent, c’est là que le bât blesse ! Vous sortir d’une mauvaise passe a un coût, souvent élevé ; ajoutez à cela un délai d’attente qui peut parfois s’avérer très long, trop long pour vous… et vous serez contraint de vous débrouiller par vous-même. Ce qui m’amène à causer des SST maison, mes préférés ! Ceux qui par de savants coups de disqueuse, de poste à souder, coups de marteau et autres douilles sacrifiées vous retirent une épine du pied digne de la lance d’Athéna. Souvent le fruit d’un agacement avancé, ces créations arborent des soudures bâclées simplement bonnes à « faire le job ». Ces outils ont une véritable âme et reflètent à eux seul le degré d’énervement qui vous aura poussé à sacrifier de l’outillage pour une simple paire d’écrous. Alors je ne pouvais résister à l’envie de vous faire partager quelques créations maison.
Tous pourris, enfin pas vraiment
Souvent accusés de vouloir nous rendre volontairement la vie plus difficile pour l’entretien courant ou autres réparations basiques de nos autos, les constructeurs font en fait leur possible pour nous fournir de meilleures montures pour des coûts contenus. Evidemment, comme nous ne pouvons avoir le beurre et l’argent du beurre, ils se doivent nécessairement de faire quelques sacrifices, l’accessibilité peut en faire partie, mais pas seulement… Si je vous parle du format étoile (Torx étant une marque déposée), ou du fameux 12 pans femelle VAG, vous êtes en droit de me répondre qu’ils se fichent clairement de nous ! Pourtant il faut savoir que ces deux formats ont de nombreux avantages dont permettre une compacité de vis accrue pour un couple de serrage élevé, mais aussi leur durabilité dans le temps (à condition d’utiliser les bons outils). Si vous avez déjà déculassé un moteur Toyota de la fin des années 80, vous comprendrez pourquoi 12 pans ne sont pas de trop pour une petite tête de vis de 10 mm ! Alors la prochaine fois que vous pesterez contre ces chers constructeurs, sachez qu’ils le font pour votre bien, et qu’en plus, ils mettent à disposition tout le nécessaire pour vous faciliter la vie, à condition d’en avoir les moyens bien sûr…
Crédits photos : manuel d’atelier Toyota – darkmattertuning.co.uk – mdspares.com.au