Le GTechPRO SS ou le héros oublié de l’an 2000

GtechProSS

Dans les années 2000, passionnés de japonaises que vous étiez, faire le choix entre un CAI et un KAD, un collecteur 4-2-1 ou 4-1 était un dilemme cornélien où seuls d’innombrables topics nourris au “Cul-mètre” pouvaient vous orienter… Las de ces avis aléatoires, vous avez trouvé en le GTechPRO la vérité absolue, mais qu’est-ce donc ? 

Il faut remonter en 1994 pour trouver les premières traces de la progéniture de la alors toute jeune entreprise TESLA Electronics Inc (désolé de vous décevoir, mais non, rien à voir avec le constructeur automobile). Fondée par Jovo Majstorovics, véritable passionné automobile depuis son enfance, l’entreprise californienne crée l’outil par excellence pour enlever tout doute possible concernant les modifications apportées à un véhicule. Le principe est simple : grâce à un accéléromètre ultra précis, ce petit boîtier est capable de vous fournir une multitude de données telles que le 0-100 km/h, le 400 mètres départ arrêté, les distances de freinage et même les accélérations latérales ! En 1995, le Californien d’origine yougoslave présente son produit au milieu de la crème de la crème des équipementiers automobiles internationaux lors du prestigieux SEMA Show. Le GTechPRO premier du nom y remportera la récompense du meilleur nouvel accessoire, une distinction à laquelle viendront s’ajouter bien des éloges venant de magazines internationaux ainsi que d’utilisateurs comblés, comptant parmi eux nombre de journalistes et préparateurs reconnus. Pour comprendre le succès du GTtechPRO, il faut se replonger trente secondes dans le contexte de l’époque. Les smartphones et leurs lots d’applis n’étaient pas encore de ce monde, les passages au banc hors de prix mais vous pouviez désormais quantifier de façon précise les bienfaits (ou non) de vos modifs avec un boîtier tenant dans une poche et que vous branchiez simplement à l’allume-cigare !

Le GtechPro SS, Simple et efficace
Simple et efficace, le GtechPRO SS se branche simplement à l’allume-cigare.

Technologie guerrière 

C’est sur le GTechPRO SS sorti en 2004 que nous allons nous pencher. C’est en faisant un peu de ménage que je suis tombé sur cette boîte cartonnée gris mat dont seul le précieux objet était mis en valeur par une pellicule brillante. Un packaging très 2000, avec une inévitable succession de katakana “パフォーマンスメーター” signifiant ni plus ni moins “performance meter”. OK, c’est ringard, mais souvenez-vous, nous sommes en 2004, Fast and Furious et Gran Turismo 1 viennent de traumatiser toute une génération, et tout ce qui pouvait s’approcher de près ou de loin à la culture asiatique était méga “bankable” ! On y voit aussi un strip de photos mettant en scène aussi bien des muscle cars qu’une R32 GT-R ou Supra MkIV, mais aussi une M3 E46 sans oublier bien sûr un Top Fuel ! C’est qu’il ne s’agirait d’omettre personne. Ni le Texan pur souche, ni ce marginal en européenne et encore moins cette nouvelle communauté mainstream toute dévouée à la passion asiatique. Amateurs de Saxo VTS ou autre 205 TCT, désolé pour vous, il faudra repasser… En faisant le tour du contenant on s’aperçoit avec surprise que toutes les instructions sont fournies en plusieurs langues. Anglais évidement, mais aussi allemand, japonais, espagnol et français. Il faut au moins ça pour faire comprendre au plus grand nombre que le GTechPRO SS utilise « La même technologie que celle de l’armée pour les systèmes de guidage des missiles. » OK, maintenant que nous savons que nous avons de la technologie meurtrière entre les mains, regardons de plus près cet objet… 

Vintage : le port 9 broches RS232

Premier détail qui choque une fois l’engin dans les mains, la taille de son écran ! Il est difficile de s’imaginer que si peu de cristaux liquides puissent fournir une telle quantité d’information. Pourtant en 1994, le premier modèle disposait seulement de quoi afficher une “ligne” d’info à la manière d’un radio-réveil des années 80. Ensuite, des boutons, de bons vieux boutons ! Si cela peut sembler être un détail, imaginez-vous maintenant manipuler un écran tactile aussi petit avec des gants ignifugés de compétition… Ici, nul besoin d’enlever ses protections pour naviguer dans les nombreux menus et sous-menus que compte le software du GTechPRO SS. Juste au-dessus de la triplette de commandes, vous constaterez la présence de 4 petites LED qui, une fois programmées comme bon vous semble, seront une alliée de taille pour parfaire vos passages de rapports en s’allumant tour à tour. En retournant la bête, vous vous souviendrez bien vite que les 90’s n’étaient pas si loin que cela en découvrant le port de communication RS 232 (9 broches). Ce dernier permettait de télécharger ses runs et autres mesures sur votre PC pour de longues sessions d’analyses post-évènements… Non loin de ce dernier se trouve la prise d’alimentation dans laquelle venait se brancher un généreux câble spiralé prévu pour convenir à l’ensemble de la production automobile. Au bout de ce cordon, un interrupteur permettait de couper l’appareil au niveau de l’allume-cigare si besoin, tout en vous informant à l’aide d’un éclairage rouge que l’appareil était sous tension. Et justement, si nous le mettions en branle ? 

Bouillie de pixels ultra lisible

Cinématique d’accueil du GTechPRO SS.

A sa mise en marche, l’appareil vous accueille par une petite animation exploitant toute la résolution de l’écran, c’est-à-dire une bouillie de pixels qui nous laisse tout juste deviner une muscle car… Le menu “de tous les jours”  quant à lui présente les accélérations en direct sur tous les axes à l’aide d’une énorme flèche en 3D qui n’est pas sans me rappeler celle du célèbre jeu vidéo Courier Crisis sur PS1. La direction c’est bien, mais quid de l’intensité des forces subies ? Eh bien, elle se présente de la plus simple des façons via un affichage numérique largement dimensionné et extrêmement lisible. Vous aurez aussi tout le luxe de contempler votre régime moteur sur la partie inférieur au style on ne peut plus arcade, qui évoquera chez certains d’entre vous vos premières amours vidéoludiques de courses automobiles (F1 Race sur NES, ou F1 ROC sur Super NES, ça vous parle ?). A l’usage, les deux boutons complétés par la croix multidirectionnelle vous permettent de naviguer avec une facilité déconcertante dans les menus ! Pas de fioritures, vous pouvez atteindre presque tous les recoins du software en deux paires de clics ! Une aubaine puisque, dans le stress d’un évènement, vous n’avez pas de temps à perdre à errer sans fin dans les options. Pour effectuer un run, rien de plus simple. Arrêtez-vous, appuyez sur “OK”, une LED rouge vous indique que vous êtes prêt à partir, faites un départ net et franc jusqu’à ce que le GTechPRO vous informe que le run est fini, et bam ! Le tour est joué ! Pour les mesures de puissance, vous trouverez un onglet dans lequel entrer toutes les données de votre auto, jusqu’à la dureté de la suspension pour une précision accrue, en plus du poids évidemment. On regrettera toutefois l’absence de la résistance aérodynamique dans les paramètres. Une absence qui n’empêche en rien la comparaison entre deux modifications apportées. 

Encore pertinent, mais à quel prix ?

15 ans après sa commercialisation en France pour la modique somme de 309,99 € (environ 352 € actuels), le GTechPRO SS reste un outil pertinent si vous en avez encore un sous le coude. Malgré tout, nous sommes en 2019, les smartphones disposent d’une puissance incroyable et les applications disponibles couplées au GPS offrent des précisions d’acquisitions inespérées il y a 10 ans. Même payantes, ces apps sont bien meilleur marché qu’un actuel GTechPRO RR, désormais tactile et compatible avec les gants puis équipé d’un GPS 50 Hz. Affiché à 399,95 $ il offre toutefois un hardware robuste et étanche autorisant une installation dans des buggys crapahutant dans la boue et autres conditions sévères, un avantage non négligeable à l’heure où les téléphones semblent aussi fragiles que l’égo d’un micro-influenceur…

Le GTechPRO RR version 2016 a su s’adapter à un marché où le grand public s’est largement tourné vers les smartphones.

Crédits photos : gtechpro.com

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