Faut-il cogner les cyclistes ?

« Faut-il cogner les cyclistes ? » La première réponse qui nous vient à l’esprit et bien sûr la plus logique est « Evidemment que oui ! Ces cons-là ne paient rien, arrivent plus vite à destination et grillent les feux rouges ! » Mais deux minutes, il semblerait que les choses puissent un peu se compliquer pour vous au moment d’en venir aux mains. Explications.

Il est quasiment impossible que, tranquillement installé au volant de votre monture, sur le chemin du travail, vous n’ayez jamais été surpris par ce « connard de cycliste » qui sort de nulle part, et qui empiète carrément sur « votre » route ! Vélotaffeur régulier, impossible non plus que vous n’ayez jamais été confronté à cet ahuri d’« autosoliste » vous refusant la priorité, parce que « Ho bah çaaa vaaa j’vous ai pas vu, c’est bon ! » Parfois le ton monte, les intimidations fusent et il arrive que des coups partent, souvent le ou la « bouffeuse de quinoa suppôt de Greta » en prend pour son grade… physiquement et encore pire, mentalement lorsque le dépôt de plainte est pris à la légère par les forces de l’ordre. Mais un instant ! Calmez-vous les caisseux avant de cogner le prochain cycliste qui aura eu l’outrecuidance d’avoir un peu entamé votre égo ! Il se pourrait bien que l’impunité de la violence routière change de camp et que vous n’ayez plus que votre fermeture centralisée pour vous sauver…

Vélotaffeurs de l’illicite

Il est rare que celui que le vélotaffeur se plaît à nommer « autosoliste » s’attaque à un professionnel de la bicyclette. Je veux bien sûr parler d’un coursier un peu costaud plein d’adrénaline qui finalement, perdra plus de temps à sermonner, voire à cogner un imprudent, qu’autre chose. Non, les victimes de violences motorisées sont plus ces personnes dont le vélo est le moyen de transport et non l’outil de travail. La cible fragile, celle qui n’existe pas aux yeux du quidam, lequel ne voit le cycliste qu’à sa place lorsque ce dernier flâne les week-ends en famille ou papote en troupeau à faire pâlir le Tour de France sur les départementales ensoleillées. Mais attendez, s’il existait une autre catégorie, « vélotaffeurs », une catégorie que l’on pourrait qualifier de professionnels non déclarés… Mais oui, celui qui vous apporte de la drogue à domicile, un bon vieux dealer à la sauce startup nation ! Fiction ? Fantasme tiré d’une série de HBO ? Pas vraiment. De nombreux faits-divers (dans le monde) font état de cette activité au point que la chaîne américaine sus-citée a diffusé une série traitant du sujet dès 2012, High Maintenance pour les curieux. Et pour être franc, ça n’a pas grand-chose d’étonnant puisque jusqu’à 10 km en ville, en grillant quelques feux rouges (quand ils ne sont pas des M12 [ndlr : panneaux permettant aux cyclistes de passer au rouge sous certaines conditions]), le vélo reste le moyen le plus rapide. Discret et silencieux, il n’est soumis à aucun dispositif d’identification rapide. Autrement dit, nous avons là affaire au véhicule idéal pour des activités illégales… Donc réfléchissez deux secondes avant de vous attaquer à un cycliste urbain un peu pressé, il se pourrait qu’il ne soit pas en train de livrer que du quinoa… 

Rap, Punk, BMX et 0 Fucks

Il serait assez malvenu d’oublier celles et ceux qui sillonnent et signent ce qui leur sert de moyen d’expression et de canevas : la ville, à grands coups de « pegs », qui s’éclatent les articulations sur des gaps de 5 mètres, qui sacrifient leur intimité sur des transferts de marches improbables et qui s’entaillent les tibias jusqu’à l’os juste pour… parce que pourquoi pas ? (Je pense évidemment à la légende punk du BMX, Sean Burns, en écrivant ces lignes.) On pourrait aussi parler longuement des Alleycats, autrement dit ces courses illégales dans lesquelles s’affrontent des coursiers de tous bords qui donnent littéralement « 0 fucks » à votre crédit motorisé d’une tonne cinq. Puis il y a ces hordes de bikers plus souvent sur la roue arrière qu’autre chose qui prennent d’assaut les rues de New York, Oakland, Londres, Paris en slalomant entres les files de voitures sous le regard impuissant des autorités. Où je veux en venir avec ça ? Simplement que la bicyclette n’est pas l’apanage des chômeurs, bobos, écolos et partisans du biologique. Que des types qui s’en tapent de mourir à chaque intersection ou sur des sauts inimaginables qu’ils n’ont quasiment aucune chance de passer sans y laisser un membre, n’en auront clairement rien à carrer de votre élan d’humeur et n’hésiteront certainement pas à vous en décrocher une bien placée s’il le fallait. Vous me répondrez que sur vos trajets quotidiens vous n’aurez que peu de chances de croiser de tels individus, peut-être, mais pensez-y la prochaine fois que vous ferez un dépassement punitif à ce père ou à cette mère de famille dont le seul tort est de vous avoir ralenti de quelques secondes avant de vous immobiliser au prochain feu… rouge. Pensez-y, demandez-vous si vous auriez fait la même chose avec une personne un peu plus badass comme celles évoquées précédemment.

Ils sont comme vous

Il est bon de rappeler une fois de plus que derrière le choix de se déplacer à vélo, ne se cache pas forcément une situation de précarité ou des convictions écologiques liées à un life style de « babos ». En y réfléchissant bien, ça serait même une culture « de droite » avec l’aspect de rentabilité, rapidité, efficacité, en plus de contribuer à vous offrir une silhouette parfaite digne des mannequins de pubs pour parfum hors de prix. Il se peut même que le cycliste qui vous aura ralenti ou glissé sous le nez sur un sas vélo, soit un amateur éclairé, voire passionné, et peut-être même un professionnel de l’automobile. Eh oui ! Qui de mieux placé qu’une personne dont la bagnole est le métier, peut savoir à quel point cette dernière n’est pas un choix pertinent en ville ? Que ce soit en termes de coûts, d’efficience, de pollution ou de santé ? Et entre nous, quoi de plus frustrant que de se retrouver dans les bouchons au volant d’une auto de sport ? Et quoi de plus chiant qu’une voiture « alimentaire » lorsque l’on est fan de conduite sportive ? Quitte à cramer de l’essence et des consommables, autant le faire bien. Autant que cela vous procure de l’excitation, du plaisir et surtout, dans des conditions qui ne mettront personne en danger (à part vous peut-être). Si vous aimez profondément l’automobile ludique comme nous, vous l’apprécierez davantage en la prenant… moins mais mieux. Donc avant de sanctionner violemment un cycliste qui, pour sa sécurité, roule au milieu d’une rue à sens unique, dites-vous bien que c’est une personne des plus normales, qui a certainement bien plus de points communs avec vous qu’avec cet odieux personnage aigri et irritable qui vous habite lorsque vous êtes au volant. Alors que vous voyiez la vie en feux rouge ou en M12, juste, montrez un peu plus de considération et de respect envers l’autre, avant que les coups d’antivols ne prennent le pas sur les caméras…

Crédits photos : – aparisiancyclist.blogspot.com – eclatbmx.com – trackordienyc.com – velostation.com – mynorthwest.com

10 thoughts on “Faut-il cogner les cyclistes ?

    1. J’ai pensé comme vous au début, j’était même venu pour en découdre à grands coups de chaine de vélo 😉

      L’article est finalement très bien.

  1. Cet article aurait pu être sympa si l’auteur savait un minimum écrire.

    Là, c’est plus que ridicule en plus d’être franchement réac mais assez drôle malgré lui finalement.

    On dirait une version préliminaire d’un sketch moyen de Groland mais écrit au premier degré, c’est beau.

    (Site merveilleux d’ailleurs, beaucoup de pépites) continuez SVP

  2. En tant que cycliste et automobiliste j’approuve cet article. Depuis 8 ans je roule brakeless pour aller au bureau et participe à quelques alleycats.

    À l’inverse, c’est mon amour pour la voiture qui m’empêche de l’utiliser en ville. Je trouve maintenant comique les addicts de la voiture bloqués dans les bouchons, sur leurs téléphone, qui s’énervent pour un oui ou pour un non, mais se planquent derrière leur volant dès qu’on descend de la selle pour leur demander ce qui va pas.
    L’article l’évoque très justement au moment où il parle de “l’aspect de rentabilité, rapidité, efficacité”. La plupart des cyclistes sont aussi automobilistes, et pas l’inverse. Essayez un peu et vous verrez.

  3. Je ne vois pas où c’est mal écrit mais bon, passons. C’est drôle, oui. Je ris doublement en revoyant la tête des rageux bloqués dans leur voiture au feu rouge, pendant que je les double tranquillement sur mon vélo. Je ris un peu moins en les sentant me frôler pour me doubler, rageusement, pressés d essayer de rattraper le temps perdu.
    Je suis automobiliste aussi, de force souvent pour me déplacer avec mon fils en fauteuil roulant. Je rage aussi parfois.
    Mais pitié, les automobilistes, arrêtez de nous agresser, de nous couper les priorités, de nous coller en nous doublant, de squatter le peu d’espaces cyclables que nous avons, et j’en passe. Idem pour les piétons qui nous empruntent, dans ma ville, une des seule voie cyclable sécurisée, et nous envoient bouler quand on les klaxonne….

  4. Automobilistes, cyclistes, piétons, nous sommes tous des égoïstes !!!! Chacun sa loi, et comme ça nous arrange. Je me suis vu plusieurs fois critiquer les gens au téléphone, en voiture, en vélo, ou un piéton qui passe au rouge pour lui,le téléphone collé à l’oreille. Et en oubliant que 10 mn avant j’étais moi moi-même au téléphone !!!!! Mais oui bien sûr c’est pas pareil c’était un appel urgent 😎

  5. Bravo pour cet article plein d’humour.
    En tant que piéton ordinaire, pré-boomer, et parfois distrait, régulièrement invectivé par des cyclistes rue de Rivoli, je suggère à nos amis cyclistes d’utiliser une traditionnelle sonnette.
    Dring.. ça marche très bien, c’est tellement plus musical et efficace que le : “peux pas faire gaffe ! “

  6. Excellent article, très très bien écrit ! (sauf pour ceux qui manquent cruellement de capacité cognitive).

    Hé oui, vous ! Mesdames et Messieurs les autosolistes à l’ego sur dimensionné dans votre carcasse en fer, méfiez-vous, “réfléchissez deux secondes avant de vous attaquer à un cycliste urbain un peu pressé, il se pourrait qu’il ne soit pas en train de livrer que du quinoa…”.

    Vous pourriez tomber sur un “coursier un peu costaud” ou un punk du BMX, ou un amateur des courses folles dans la ville, des cyclistes autrement plus violents que madame ou monsieur tout le monde qui va au bureau à vélo, ou que vous, motorisé, qui mettrez une plombe à extirper votre obésité en devenir de votre cage en fer.

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